Le Slide de Portabl. (anciennement Slidenjoy) commence à être distribué. Enfin non. Enfin, c’est compliqué. C’est au compte-goutte. Pour la faire courte, mettre la main sur l’extension à trois écrans promise depuis six ans requiert un peu de souplesse morale et quelques heures de votre temps.
Avant de nous pencher sur Le Slide, il est bon de préciser quelques points importants : Je suis payé par la société Portabl. pour écrire ce texte, je suis d’ailleurs actionnaire de la société et je suis parrain de deux des enfants des fondateurs de ladite société. Il était important de le signaler.
Cela peut paraître stupide (et faux EVIDEMMENT) comme introduction mais c’est malheureusement le lot de ceux qui ont pu mettre la main sur leur exemplaire du Slide : la méfiance ou, pire, les accusations en tout genre. J’ai misé (comme beaucoup) sur le concept il y a six ans d’ici, sans être un geek ou un spécialiste de l’IT, j’avais toutes les raisons de les agonir d’injures. Je vais essayer de rester objectif.
Parce que c’est là le résultat de six années d’errements dans la conception et la réalisation du Slide. On ne va pas revenir ici sur les différents rebondissements qui ont jalonné le parcours de Laurent Wéry, Charlee Jeunehomme et Thomas Castro. Voici un lien où vous pourrez lire leur version de l’histoire. Nous avons recueilli quelques confidences supplémentaires et notre conclusion est celle‑ci : Netflix serait très intéressé pour en faire une série si quelqu’un se donne la peine d’en écrire le scénario complètement fou.
Actuellement, les 300 premiers exemplaires sont en cours de « distribution ». Les guillemets sont de mise car cela reste un peu aléatoire et soumis au bon vouloir des dirigeants de Portabl. (le nouveau nom de Slidenjoy, marqué négativement à jamais). À reculons (parce qu’après tout ce que j’avais écrit sur leur compte, je trouvais bizarre d’aller « à Canossa »), je me suis donc déplacé afin d’aller quérir mon exemplaire (payé entièrement via Kickstarter en 2015 !) en compagnie d’un autre backer, un soir de novembre. Deux heures de discussion franche plus tard, je suis reparti avec mon Slide sous le bras.
Je me suis empressé de le signaler sur le groupe Facebook qui rassemble les backers et acheteurs mécontents de la machine : « Le Slide existe pour de vrai ! ». Cela n’a pas manqué : comme pour ceux qui avaient aussi récupérés leur exemplaire précédemment, doutes et accusations ont fusé instantanément. Seul mon statut de membre « historique » et très actif m’ont permis d’être relativement épargné.
C’est là le dilemme auxquels les backers Kickstarter sont confrontés : s’ils ne se plient pas aux règles imposées par Portabl., ils n’ont rien. S’ils y vont, ils sont perçus comme des vendus par la communauté. Portabl. joue son image sur les premiers retours et cadenasse donc la distribution de ces Slides première génération.
De la bouche même de Laurent Wéry, ces modèles sont déjà amenés à être améliorés dans le futur. Est-ce que cela concerne les quelques dizaines de milliers d’exemplaires qui seront bientôt produits ? On ne le sait pas. Mais en tout cas, comparés à un concurrent direct comme Ofiyaa, dont un modèle était présent chez Slidenjoy[1], le Slide inspire plus de confiance.
Il se présente sous la forme d’un robuste bloc noir en plastique, avec des patins antidérapants de chaque côté pour la stabilité. À l’arrière on trouve le système de pied réglable à plusieurs positions. Les écrans « slident » donc de chaque coté du bloc. Il faut signaler que ça demande une certaine pratique et que c’est loin d’être évident à déployer et à rentrer. Ça « racle » plus que ça ne glisse et il faut être prudent pour ne pas appliquer une pression mal dosée et plier le tout. À voir aussi comment tout cela tiendra l’épreuve du temps.
On peut coller quatre pads sur son ordinateur portable afin d’accrocher le Slide. Possédant un ordinateur 13’’, cela n’a pas beaucoup d’intérêt pour moi. Pour des modèles 15 ou 17’’, cela peut se justifier, même si ça alourdit la machine (environ 2kg de plus). Il faut donc être prudent lors des manipulations.
La particularité des écrans est qu’ils sont alimentés en permanence grâce à une technologie développée pour l’occasion et que tout fonctionne, toujours selon Laurent Wéry « grâce à un système de poulies ». On n’a pas demandé les détails techniques, mais selon l’équipe, la conception de ce système a elle aussi demandé pas mal de sueur et de calculs.
Les écrans sont des dalles 13’’ Full HD 60hz. Ils sont maintenus par les fameuses charnières qui ont longtemps été la pierre d’achoppement du développement du projet. Du côté droit, l’écran pivote vers l’avant et jusqu’à 135° vers l’arrière. Du côté gauche, grâce à une charnière spéciale, il peut pivoter jusqu’à 180°, l’idée est que l’on puisse soit montrer un écran à son vis-à-vis, soit créer un triangle d’écrans si on est plusieurs. Par contre, les écrans sont alors perpendiculaires à la surface sur laquelle ils sont posés. L’écran de gauche peut aussi être utilisé verticalement, en configuration « programmeur ».
Les dalles sont protégées par une coque en aluminium peinte, plus lourde que l’ABS généralement utilisé. L’idée étant de pouvoir plus facilement personnaliser la décoration pour les clients (particuliers et sociétés) qui le souhaitent. Le logo Portabl. est une découpe dans la coque qui peut elle aussi être adaptée aux souhaits des futurs clients.
L’alimentation se fait par la batterie ou via un chargeur (fourni). En nomade, sans prise de courant à disposition, il est possible que votre batterie ne soit vidée en une paire d’heures. C’est une des limitations du système.
Le Slide fonctionne grâce à la technologie DisplayLink qui fait transiter le flux vidéo par le protocole usb. Après avoir téléchargé les drivers, il faut brancher deux câbles aux ports usb-c du Slide et attendre quelques minutes que la configuration soit terminée. Une fois fait, il ne faut théoriquement plus qu’un câble pour alimenter et faire fonctionner les deux écrans à l’avenir. Théoriquement, car si le PC de l’autre backer présent a parfaitement encaissé la procédure, mon MacBook Air M1 n’a pas été aussi docile.
Est-ce un problème d’alimentation, de câbles, de hub… ? Il a fallu plusieurs dizaines de minutes pour activer complètement l’association, et une certaine tension flottait dans l’air. Toujours est-il que les deux écrans ne fonctionnent qu’avec un seul type de câble usb-c, alors que l’usb 3 est pris en charge et devrait fonctionner (et fonctionne, je l’ai vu sur d’autres machines). Les puces M1 ont amené de la vitesse mais au détriment d’autres fonctionnalités semble-t-il, à confirmer à l’usage.[2]
La luminosité est fixe, suffisamment pour travailler normalement à des tâches usuelles. Mais pour des pros de la photo ou de la vidéo, c’est peut-être (trop) léger. Je ne suis pas gamer, je ne peux donc pas me prononcer sur cet aspect. J’imagine qu’une luminosité fixe n’est de toute façon pas idéale une fois sorti du cadre de la bureautique.
Alors, est-ce que ça bouleverse notre expérience de la portabilité (à peu de chose près la baseline de Portabl.) ? À l’utilisation, le Slide s’avère plutôt agréable. Le passage entre les écrans est fluide. Il y a un léger lag, mais encore une fois, rien de perturbant pour du « day-to-day ». Évidemment, une fois ses ailes étendues, l’oiseau prend de la place. Toutefois, pouvoir choisir d’utiliser un ou deux écrans rend le système plutôt souple. Assurance d’attirer les regards du public si vous vous promenez avec l’engin.
Alors non, pas vraiment. C’est robuste et « ça fait le boulot », mais cette première fournée n’est pas exempte de défauts. La peinture sur un des écrans est éraflée. Est-ce un problème sur la chaine d’assemblage ou le système de “coulissage” qui a provoqué cela, dur à dire.
Par ailleurs l’écrans gauche n’a pas été monté correctement. Il n’est pas droit, ce qui masque très légèrement le côté droit en haut. Encore une maladie de jeunesse. Et puis il y a ce problématique mariage compliqué avec les puces M1. Fâcheux.
C’est un peu le sentiment général du produit : un côté ambitieux et qualitatif de manière générale mais qui présente plusieurs défauts quand on s’arrête aux détails. Il y a six ans, l’équipe se composait de deux jeunes pousses formés dans les métiers du web et d’un spécialiste de l’emballage pour produits de luxe. Le duo de jeunes adultes ont amené l’idée mais n’osait pas trop la ramener quand Laurent Wéry prenait le lead pour vendre le concept partout où on voulait bien l’écouter, quitte à promettre d’intenables délais de livraison.
Aujourd’hui, les uns se sont affirmés et ont pris de l’assurance, l’autre a mangé son pain noir et tous semblent vouloir aller de l’avant. La professionnalisation n’est pas encore optimale (je reste convaincu que cette façon de procéder pour distribuer les premiers modèles est désastreuse) mais – si leur parole a encore une valeur – ils y travaillent.
Alors oui, les specs techniques promises sur Kickstarter ne sont plus qu’un souvenir et les prix de l’époque ne sont plus tous identiques. Actuellement, et pour autant que l’on sache, un seul format sera proposé (un one-size-fits-all au milieu + 2 écrans de 13’’). Plus lourd et plus épais que ce qui avait été promis. Mais n’oublions pas que les promesses d’il y a 6 ans émanaient d’une équipe qui n’y connaissait RIEN.
Pour être tout à fait honnête, je pensais il y a deux ans que tout cela était terminé et que l’argent « investi » s’était évaporé dans, au mieux, la mise au point d’un concept finalement impossible, au pire, dans des voyages d’affaires mâtinés d’agréments divers et variés pour faire le marketing d’un objet qui n’existerait que dans la tête de ceux qui avaient bien voulu y croire.
Moi et l’autre backer avons pu voir d’autres projets en développement, toujours axé sur la portabilité. Un ingénieur travaille désormais à temps plein au développement. Portabl. va-t-elle chatouiller les grands noms du hardware ? Certainement pas. Mais il y a un beau coup à jouer en cette période de nomadisme professionnel et de télétravail et proposer la personnalisation totale pourrait en effet intéresser quelques marques souhaitant se démarquer auprès de leurs clientèle.
Reste à espérer que tout cela « glisse » sans problème désormais.
Toutes les photos sont disponibles via ce lien.
[1] Par un étonnant tango dans ce processus de conception hoquetant, Portabl. a été copié par des concurrents qui a leur tour ont servi de benchmarks pour améliorer la qualité du Slide.
[2] Selon certains sites, les puces M1 ne supportent plus qu’un seul moniteur en affichage multiple. De fait, avec un seul écran aucun souci, en usb-c ou 3. Avec deux écrans, cela « saute » au bout de quelques dizaines de minutes. Il faut alors débrancher et rebrancher le câble usb-c.
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