La neutralité du Net, c’est quoi ? L’explication pour les nuls.
On l’entend souvent : “La neutralité du Net n’est plus assurée“. Bien. Mais, finalement, qu’est-ce-que cette neutralité du web ? Faisons le point sur ce concept parfois nébuleux.
Internet, un réseau d’autoroute complexe
Nous pouvons comparer l’Internet à un ensemble de routes. Il dispose d’autoroutes, de nationales, de rues, de chemins de campagne et de sentier parfois impraticable. Plus nous avançons dans le temps, plus il y a d’autoroutes et, peu à peu, les chemins de campagne sont remplacés par de larges voies permettant un trafic fluide vers les endroits les plus reculés.
Chaque région, chaque portion d’autoroute est gérée par des sociétés qui se portent garantes que ce trafic reste le plus optimal possible, même si la circulation double ou triple chaque année. En effet, si les bouchons commencent à survenir, le trafic se sature rapidement et les véhicules empruntent d’autres routes qui appartiennent à la concurrence.
Des investissements lourds
Dans le monde de l’Internet, ces gestionnaires d’autoroutes sont appelés les Fournisseurs d’Accès Internet (FAI) ou, en anglais, Internet Service Providers (ISP). Il doivent investir sans relâche pour que les camions et voitures de loisirs puissent circuler librement et sans contrainte. Depuis plusieurs années, des sociétés comme Google et des sites comme YouTube sont de véritables ogres de la bande passante : Ils occupent une grosse portion de l’autoroute à eux seuls, laissant seulement deux bandes aux autres contenus plus classiques.
Pour que Google puisse acheminer ses lourdes vidéos vers les utilisateurs de l’Internet, les FAI doivent investir encore et encore afin que leurs clients puissent accéder à ces contenus de manière optimale, sans le moindre risque d’accrochage ou de bouchon. En un mot : Pas de freeze de l’image ou du son.
Pas de péage pour Google
En échange de la gestion de sa propre infrastructure, Google ne paie pas un dollar aux FAI pour garantir cette fluidité d’accès à YouTube par les clients de ces FAI. Rien. Nada. Zéro. Ces mêmes FAI se retrouvent donc dans un cercle vicieux : Plus le FAI donne de la fluidité à son trafic, plus les clients accèdent aux contenus YouTube, plus il faut de bande passante. Et toujours personne chez Google pour participer au confort royal de ces utilisateurs. De plus, grâce à la bonne tenue de ces autoroutes, Google gagne de l’argent et entasse les bénéfices provenant de la publicité.
Entretenir ce réseau coûte donc cher. Très cher. Dès lors, à un moment donné, les FAI sont souvent contraints à limiter la bande passante utilisée par des sociétés comme Google et implanter, de manière virtuelle, des goulots d’étranglement pour éviter que YouTube mange 50% de la bande passante du FAI. En effet, les tuyaux de l’information ne sont pas extensibles à l’infini.
La neutralité du Net existe
Oui, elle existe quand des FAI mettent en place ces goulots. Oui, elle existe quand la Chine ou la Corée du Nord empêchent délibérément l’accès aux services de Google par leur concitoyens. Oui, elle existe aussi quand un état vous empêche d’accéder à un site de Torrent. C’est aussi simple que ça.
Nous sommes face au même constat avec Netflix. Si nous prenons l’exemple de la Belgique, NetFlix est arrivé en septembre 2014. Belgacom (Proximus) a vite compris qu’il fallait rapidement s’associer avec la société de streaming afin de trouver des accords commerciaux pour intégrer Netflix dans l’abonnement de Proximus TV, offrant dès lors une application “maison” intégrée dans le décodeur.
Le nerf de la guerre
Moralité, tout est une question d’argent, d’investissement et du “qui paie quoi”. Bien évidemment, les FAI refusent que l’utilisateur classique (vous et moi) paie des suppléments d’abonnement pour couvrir ces frais.
En conclusion, la neutralité du Web, c’est tout simplement le fait que chacun, fournisseur de contenu ou utilisateur, a le droit de circuler librement, à la même vitesse que l’autre, sans contrainte technique, commerciale ou éthique. Simple, non ?