Si vous aimez la musique, et appréciez la qualité en général (comprendre : vous êtes un peu maniaque comme moi), tôt ou tard vous entrerez pernicieusement dans la spirale infernale de l’audiophilie voire de … l’ « audio-folie ».
Quelques conseils « câblage » avant de vous lancer dans cette aventure.
Sur Internet un audiophile se définit comme suit : « Personne passionnée par l’électroacoustique », « Personne s’intéressant à la reproduction du son haute fidélité et à cette technologie », « Individu s’intéressant à la reproduction sonore et à ses techniques ».
Je préfère celle-ci : « Un audiophile, du latin audire (entendre) et du grec philein (aimer), désigne habituellement un amateur de Hi-Fi mais dont l’objectif peut dévier d’une quête de haute-fidélité vers celle, essentiellement subjective, de satisfaction auditive » parce qu’elle intègre les notions de subjectivité et de satisfaction. J’y reviens plus bas.
En effet si le but d’un audiophile est d’obtenir le meilleur son possible, il devra cependant tenir compte d’un ensemble de paramètres : principalement sa sensibilité et perception auditive personnelle, ses goûts musicaux, en plus de ses capacités financières, de l’environnement d’écoute, de l’esthétique et last but not least, et du fameux WAF – bien connu dans ce monde comme le « Wife Acceptance Factor » – l’image ci-dessous parle d’elle-même… (si vous ne comprenez pas c’est que vous êtes un homme, il vous suffit alors de demandez à votre compagne ce qu’elle ferait de ce matos si elle le retrouvait dans votre living).
Clairement il faut avoir des prédispositions : le fait d’être un homme semble être un pré-requis. Il suffit d’aller dans un salon de hifi pour le constater. Et ceci est un fait, pas une remarque machiste…
De plus, beaucoup d’audiophiles sont « dans la technique », voire « dans l’informatique »… Des matheux donc – je n’ai pas de données suffisantes pour dire s’ils étaient boutonneux dans leurs plus jeunes années. Par contre ils avaient tendance pour beaucoup à se retrouver du mauvais côté de la table de mixage à cette époque…
Il paraît que oui. Un ami me l’a confirmé. Il reconnaissait toutefois que le résultat était là, et qu’il ne fallait pas être « audiophile » pour entendre ET apprécier la différence. Un brin de folie tout de même si on tient compte : des montants investis, du temps consacré, du jargon utilisé, et surtout de la durée de vie des équipements liée directement au coefficient directeur négatif de la fonction affine définissant le degré de satisfaction d’un audiophile dans le temps (comme exemple de phrasé d’un audiophile – traduction pour les profanes : ils se lassent très vite).
Avant de développer et de décevoir, je préviens que je ne suis pas libre mercredi « pour un dîner entre amis »…
Si vous considérez que dépenser occasionnellement plus de 100€ pour un bon repas, partir de l’autre côté de la terre pour découvrir des contrées paradisiaques, faire la fête, se bourrer la gueule une fois de temps en temps, rouler dans une belle voiture sont des idioties, alors oui pour vous un audiophile est un idiophile. C’est quelqu’un qui met du cœur, de l’ effort et du temps… à se faire plaisir.
Mais entrons dans le vif du sujet… le câblage.
Beaucoup pensent qu’un câble est un câble. Qu’est-ce que cela pourrait bien changer de mettre un « fil » ou un autre entre mon ampli et mes haut-parleurs ou entre n’importe quelle paire de composants d’ailleurs ? C’est aussi ce que je pensais moi-même lorsqu’un vendeur de hifi me prétendait qu’il fallait absolument ajouter encore 250€ à la facture déjà lourde pour relier entre eux les deux appareils et les haut parleurs qu’il venait de me vendre. J’avais l’impression de me faire dévaliser, mais j’ai dû céder parce qu’il refusait de me vendre le reste sans des câbles corrects…
J’ai cependant constaté par après qu’en changeant simplement un câble par un autre, une chaîne hifi pouvait être littéralement transposée. Et attention, il ne s’agit pas de remplacer un « mauvais » câble par un « bon » : remplacer un « bon » câble par un autre « bon » câble suffit pour apprécier une véritable différence.
Cela va même plus loin… Après démonstration, lors d’un achat d’une chaîne complète le vendeur m’a effectivement convaincu de la valeur de son câble. Je lui ai donc dit que je lui achetait « ce » câble. Quand il m’a dit qu’il devait m’en commander un neuf, j’ai dû insister lourdement pour avoir « celui-là ». Il a fini par le lâcher… mais ça n’a pas été évident.
Pourquoi donc ? Et bien, parce que deux câbles identiques sont en fait … différents ! Ils seront différents d’une part (un peu) parce qu’une fabrication n’est pas nécessairement la même d’un lot à l’autre (confection, qualité des produits de base, …) mais surtout d’autre part parce qu’il faut les rôder ! Et oui un câble, comme tout équipement audio se « rôde ». Un appareil ou un câble audio c’est comme une voiture: lorsqu’il sort de l’usine, n’est pas prêt pour un usage confortable. Certaines marques (plutôt de haut niveau) vont d’ailleurs les « rôder » pour vous. – en anglais on parle de ‘burn-in’ (rien à voir avec le burn-out, rassurez-vous).
Le constructeur audio-gd, par exemple, rôde son équipement pendant 100h avant de vous les expédier. Il faut noter que 100h est largement insuffisant, il faut en compter certainement 600 de plus pour arriver à le débrider correctement. Pour l’anecdote, j’ai acheté un ampli chez ce constructeur, et lors de la première écoute j’ai failli le renvoyer (malgré ses encombrants 48kg et donc à grands frais vers la Chine !) parce que je trouvais le son trop « crispant ». Il m’aura fallut beaucoup de confiance et surtout deux semaines de patiente utilisation permanente (24×7 !) à un régime moyen pour qu’il plaise enfin à mes oreilles et finalement pour mon plus grand bonheur.
Outre le rodage, tous les câbles ont un « sens » même s’ils sont extérieurement symétriques et inversables. Ce sens est soit fixé d’origine à cause de leur propriétés intrinsèques (tressage), comme sur la photo ci-dessous :
soit ils l’acquièrent dans le temps… au fur et à mesure du rodage.
Les prises secteurs quant-à elles si elles ont une une direction prédéterminée (vous aurez bien de mal à brancher le côté de la fiche murale du cordon dans votre appareil) elles doivent par contre être branchées dans le bon sens! Il faudra pour cela un bloc multiprise vous permettant d’inverser le sens de la prise. La fiche de terre n’est alors pas au milieu de la prise, mais de part et d’autre à l’extérieure de celle-ci:
Il vous faudra alors vous référer aux consignes de montage de vos modes d’emploi pour déterminer le bon sens (généralement on mesure la différence de potentiel entre la masse et les mains avec un tournevis ad-hoc pour repérer la phase, en principe la phase doit être sur la borne droite – mais ce n’est pas toujours respecté).
A défaut, vos oreilles restent le facteur déterminant: écoutez dans un sens, coupez, débranchez, rebranchez dans l’autre sens, et comparez. Répétez si nécessaire plusieurs fois. Si vous entendez une différence, gardez le sens qui vous semble le meilleur.
En ce qui concerne les prix, il y en a pour toutes les oreilles et surtout … pour toutes les bourses (c’est définitivement un vice d’hommes !). Pour n’importe quel équipement bon marché, vous en trouverez un 1000 fois plus cher … voire plus.
Exemple : combien vous ont coûter les câbles de vos haut-parleurs ? S’ils font 3m, vous pourrez les remplacer par ceux-ci, les « Nordost Odin Supreme Reference Speaker Cable » :
… pour la modique somme de €29.300 – vous lisez bien, il y a 5 chiffres (cinq), mais rassurez-vous, c’est pour la paire ! Avec de tels câbles, le reste des équipements compteront évidement un chiffres de plus…au moins. Notons que ces câble permettent d’office de travailler en bi-câblage ou en bi-amplification. A ce niveau là… ce serait mesquin de regarder à « un fil ». Ceci dit, le prix étant directement proportionnel à la longueur, vous verrez souvent les haut-parleurs très proches des amplis. On vous dira que c’est pour des raisons de rendement électrique (la résistance étant – comme le prix – proportionnelle à la distance : R = L x ρ / S)…
Il faut bien entendu être raisonnable. Choisir le bon câble c’est d’abord choisir un câble du même niveau de qualité que le reste de son installation. Probablement qu’il y aura « une différence » en utilisant des câbles à 29K€ sur ça (7 chiffres … pour la paire toujours):
Par contre inutile d’investir autant, voire même un centième, pour les vieux haut-parleurs JVC de votre adolescence que vous avez retrouvés dans le fond du grenier de papa-maman…
Vous aurez compris le message : il ne faut pas négliger le prix du câblage. Si certains sont prêt à mettre €30K pour des « fils », il y a vraisemblablement d’autres raisons que le simple snobisme.
Mais comment choisir le bon câble ? C’est simple : en fonction de votre portefeuille, de vos appareils et de vos oreilles. Une fois le budget fixé, il faut écouter, réécouter et encore réécouter pour comparer et seulement ensuite acheter. Un revendeur sérieux vous prêtera les câbles pour que vous les écoutiez chez vous – parce que bien entendu (c’est le cas de le dire), les appareils interconnectés et le lieu d’écoute sont capitaux. Un câble qui sonne très bien sur un assemblage d’équipements, peut être réducteur sur un autre.
Il faut d’emblée compter le prix du câblage dans votre installation globale. Préférez acheter un appareil un peu plus bas dans la gamme que de lésinez sur “le fil”.
N’oubliez pas de compter tous les câbles : un multiprise autorisant l’inversion de polarité, les fiches secteurs, le câble USB qui ira du PC au DAC, les câbles RCA (ou XLR) allant du DAC ou du lecteur CD vers l’ampli, et les câbles des haut-parleurs. Sur ces derniers il est plus aisé de faire un gain financier substantiel ; ceci est discuté ci-dessous. (NB : les exemples fournis en hyperliens ont pour but montrer que le budget câblage est à considérer dans le budget global de la chaîne hi-fi – ils ne sont d’aucune manière un conseil d’achat).
Une fois le problème du portefeuille réglé, vous pouvez faire un choix. Enfin des choix, vu le nombre de câbles à envisager. S’ils sont tous importants, personnellement je les classerais dans cet ordre : RCA/XLR, USB, Haut-parleurs et alimentation.
Faites ce choix en comparant, à domicile avec vos oreilles. Autrement dit, pas sur les conseils d’un vendeur chez Vandeborre (ou autre). Les avis des internautes sur les forums spécialisés et indépendants sont un bon point de départ par contre.
Après avoir compris tout cela, et suite à un « upgrade » majeur de mon matériel, il me fallait absolument des câbles de qualité supérieure pour mes haut-parleurs. Comme, j’avais déjà largement dépassé le budget que je m’étais fixé initialement, je n’avais pas envie d’investir encore des sommes folles pour ces câbles. D’autant plus que vu le niveau des appareils je devais utiliser des câbles doubles en « bi-câblage », c’est-à-dire… 2x plus cher que la normale. N’ayant pas €30.000 sur mon compte en banque, j’ai décidé de les fabriquer moi-même. Un jour d’étude et conception, 2 jours de travaux manuels, mais ils m’auront coûté 100x moins cher… Cela fait quand-même €300 de fils et protections diverses :
Tout ceci me rappelle le temps où je jouais aux legos…
Ahhhh… parce que vous croyez qu’il « y’a qu’à »?…. Ce n’est pas tout à fait ça en fait: il faut deux paires de câbles par haut parleur, du blindage en cuivre pour les interférences, des couches de téflon et de coton et d’autres pour protéger et maintenir le tout ensemble mais aussi relativement flexible. Il faut aussi calculer les épaisseurs nécessaires pour chaque couche, pas évident sans échantillon :
Deux jours à passer des fils dans d’autres fils. Principe de base: ouvrir la gaine avant d’essayer d’enfiler la couche inférieure – pour ne pas y passer la semaine entière ! Ouverture du blindage de cuivre avec une aiguille à tricoter:
Avant/ après. Clairement, introduire le câble est plus facile ‘après’. J’ai d’ailleurs testé (par ignorance): 1h pour 2m en essayant de passer le câble dans la gaine « avant », et 2 minutes « après » ! L’aiguille à tricoter tombe quant-à elle tombe quasi toute seule dans la gaine.
Pas de doute ça marche bien mieux « après », mais c’est salissant quand-même:
Une couche de téflon (alors ça pour être ch… c’était vraiment très ch…) :
Une petite couche de thermo pour tenir chaque paire bien en place (si ça bouge trop ça peut faire mal 🙂 ) :
Une couche de coton, une pour chaque paire (le coton, y’a que ça de confortable 🙂 ) :
Une gaine nylon pour tenir le tout ensemble (ne pas oublier d’ouvrir la gaine avant – voir partie supérieure de la photo : avant/après) :
Avec toutes ces couches, dénuder c’est du boulot évidemment !
Comme ça, ça commence à ressembler à quelque chose, enfin. Oups, j’ai vu un peu juste au niveau du splitter – ça entre difficilement :
Quelques noyaux de ferrite, et voilà le travail. Côté haut-parleur :
Et côté ampli :
NB : les appareils sont branchés directement dans le tableau électrique avec un câble blindé spécial, ce qui limite les connections intermédiaires nocives et coûteuses et évite les interférences.
Si vous vous engagez dans la hifi haut de gamme, sachez que dans ce domaine, ‘The Sky is the limit’. Un audiophile prévenu en vaut deux.
Une fois lancé dans l’aventure, budgétez le câblage. Ensuite, prenez votre temps pour faire vos choix chez vous, à votre aise et en toute subjectivité !
L’objectif est bien de se faire plaisir! Si dépenser 500€ pour des fils vous gâche ce plaisir, baissez le budget… c’est tout simple.
Ah oui, … et n’oubliez pas de brancher câbles et fiches dans le bon sens.
Bonne écoute!
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